mardi 27 février 2007

L'enquêteur correctoionnel est inquiet

Soins de santé mentale des prisonniers :
Le bureau de l’enquêteur correctionnel est inquiet

La proportion de prisonniers sous responsabilité fédérale ayant besoin de soins de santé mentale a plus que doublé au cours des dix dernières années`.
Une étude sur les services de santé dans les pénitentiers fédéraux a été publiée dans le numéro d’avril de la Revue canadienne de santé publique. (www.cpha.ca) Les lacunes des services de santé mentale ont été expliquées au comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

Le service correctionnel du Canada estime qu’il faut investir dans les quatre secteurs suivants :
1 – Évaluation médicale à l’admission (les employés de première ligne n’ont pas de formation spéciale sur les maladies mentales et la toxicomanie)
2 – Amélioration des 5 centres de traitement du service correctionnel (les centres provinciaux sont mieux équipés)
3 – Implantation d’unités de santé mentale intermédiaires dans les établissements existants pour mieux traiter les détenus.
4 – Meilleurs services de santé mentale dans la collectivité pour les délinquants en liberté conditionnelle.

29,500,000 $ ont été obtenus pour le point 4 sur 5 ans. Cependant, malgré l’appui de principe de la direction des services correctionnels, aucun fonds n’a été débloqué pour les trois autres points de la stratégie.
Pourtant, une évaluation à l’admission par du personnel formé en soins de santé mentale et toxicomanie améliorerait la sécurité et la réinsertion et permettrait une intervention plus efficace. Il est prévu qu’en octobre 2006 les services de santé prépareront une formation basée sur la thérapie comportementale dialectique et la réadaptation psychosociale.

Quelques autres points du rapport de l’enquêteur méritent notre attention. Dans l’année, il y a eu 7200 isolements préventifs si bien qu’à tout moment, la population des cellules d’isolement est d’environ 800. L’enquêteur correctionnel dénonce l’usage de restriction de ce type comme outil pour régler les différents et réduire les tensions. L’an passé, plus de 40% des délinquants placés en isolement ont passé plus de 60 jours en isolement préventif. Le service correctionnel a ouvert des unités de transition comme mesure qui permet une certaine interaction entre les délinquants mais on ne compile pas de statistiques à propos de ces unités. Dans son rapport de 1996, la juge Arbour recommandait que le recours à l’isolement soit une mesure confiée à un arbitre indépendant. Ce modèle n’a jamais été étudié par le service correctionnel même s’il est recommandé par l’enquêteur correctionnel et proposé par le ministère de la sécurité publique.

L’isolement préventif était le motif de 365 enquêtes et de 103 autres interventions menant à une réponse rapide dans l’année 2004-2005 au bureau de l’enquêteur correctionnel. La santé mentale n’a curieusement fait l’objet que de 44 interventions de l’enquêteur correctionnel dans l’année : les plaintes portent surtout sur l’accès aux services (39) plutôt qu’aux programmes (5). On compile séparément les questions de traitement à la méthadone qui ont fait l’objet de 61 enquêtes et de 17 interventions menant à une réponse rapide.

Enfin, on apprend dans les journaux qu’à cause de la surpopulation des prisons québécoises (taux de 114 % en avril) les autorités provinciales s’apprêtent à louer des cellules dans les pénitenciers fédéraux.

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