mardi 27 février 2007

le rapport Kirby

Le rapport Kirby
De l’ombre à la lumière.

Le rapport Kirby contient des suggestions louables. Il identifie de nombreux problèmes du système médical canadien en insistant sur les responsabilités du gouvernement fédéral : code criminel, toxicomanie, autochtones, forces armées, anciens combattants, GRC, réfugiés, fonctionnaires fédéraux, recherche. Le rapport est tourné vers l’avenir et encourage les tendances actuelles suivantes : défense des droits des patients, intervention précoce, troubles concomitants, télésanté, services communautaires, prévention, éducation.
Malgré les ressources limitées, les besoins sont nombreux :
Stigmatisation, p.12, p.252, p.497
Logement
Travail, chap. 8
Services psychiatriques,
Recherche, chap. 11
Toxicomanie, chap. 9


Le rapport prône la formation d’une Commission canadienne de la santé mentale qui devrait voir le jour dès septembre 2006 et aurait au départ un budget annuel de 17,000,000 $. Au départ, les fonds seraient distribués de la façon suivante : 5,000,000 $ pour une campagne contre la stigmatisation, 6,000,000 $ pour un Centre d’échange des connaissances et 6,000,000 $ pour le fonctionnement de la commission.
De plus, Kirby recommande un fonds de transition en santé mentale dont la gestion serait assurée par la Commission canadienne de la santé mentale. Ce fonds de transition devrait disposer de 215,000,000 $ par an pour aider les services communautaires, 224,000,000 $ par an d’aide au logement, 50,000,000 $ serait versé aux provinces pour les aider à faire face aux troubles concomitants. Des recommandations additionnelles pour lesquelles Kirby a proposé un budget incluent : 2,500,000 $ aux provinces pour concrétiser les plans de télésanté, 2,500,000 $ pour les programmes d’entraide de soutien par les pairs, un engagement immédiat de 25,000,000 $ additionnel pour la recherche ( à être administré par l’Institut de recherche en santé du Canada).
Le coût total de ces mesures est donc de 536,000,000 $ par an.
La recommandation de Kirby qui a fait le plus parler d’elle lors de la parution du rapport Kirby est sa proposition d’affecter 5 cents par consommation des droits d’accise sur l’alcool aux soins de santé mentale. Le gouvernement recevrait ainsi 269,000,000 $ de la vente de vin et spiritueux et 209,000,000 $ viendrait de la vente de bière pour un total de 478,000,000 $.
Les coûts de d’autres recommandations du rapport ne sont pas évalués incluant :
Que les prestations de compassion soient offertes pendant au plus six semaines à toute personne qui prend congé pour s’occuper d’un membre de sa famille atteint d’une maladie mentale qui risque l’hospitalisation ou l’emprisonnement ou l’itinérance. (14)
Que par le Fonds de transition, de meilleurs services soient offerts aux aidants naturels. (15)
Que les enseignants reçoivent une formatio sur la détection précoce de la maladie mentale. (17)
Que les élèves soient informés à l’école au sujet de la maladie mentale et qu’on cherche à réduire la stigmatisation et le discrimination. (18)
Que, par le Fonds de transition, des services à domicile soient institués, incluant le support et le logement des aînés. (27)
Que les aînés atteints de maladie mentale vivant chez des aidants familiaux soient admissibles à tous les services de santé et de soutien qui leur seraient offerts s’ils vivaient seuls. (28)
Améliorer les services de santé mentale dans les établissements de longue durée. (29)
Que les employeurs accroissent le nombre de séances de counseling offertes dans le cadre des Programmes d’aide aux employés. (33)
Que le Fonds d’intégration pour les personnes handicapées mette en œuvre un programme d’assistance à l’emploi pour aider les personnes ayant une maladie mentale à trouver, conserver ou créer leur emploi. (34)
Que les prestations d’aide sociale et les revenus que le prestataire peut toucher sans pénalité soient augmentés. (36)
Que les critères d’admissibilité au Régime de pensions du Canada-Invalidité soient relâchés dans les cas de diagnostic de santé mentale et que, pour encourager l’embauche, les employeurs n’aient pas à cotises au RPC pour leurs employés atteints d’une maladie mentale. (37)
Que l’on facilite l’admissibilité aux prestations de maladie de l’assurance-emploi pour les personnes souffrant de maladie mentale. (38)
Que le crédit d’impôt pour personnes handicapées soit plus généreux et plus accessible. (39)
Que les médecins de famille reçoivent des formations sur l’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale et sur la consommation menant à la toxicomanie.(44)
Que le gouvernement du Canada augmente son financement de la recherche pour atteindre 1 % des dépenses consacrées aux soins de santé. (57)
Que le gouvernement fédéral crée une instance habilitée à enquêter sur les problèmes des services fédéraux ayant une incidence sur la santé mentale des autochtones. (69)
Que l’on fasse davantage pour les enfants exposés à la violence et la toxicomanie pour réduire la pression sur le système de traitement. (note 439)
Que le Service correctionnel fasse réaliser une évaluation de la santé mentale de chaque détenu dans la semaine de sa réception. (73)

W. Skinner du centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto estime que 30% des personnes chez qui la maladie mentale a été diagnostiquée éprouveront aussi des problèmes de consommation d’alcool ou de drogues au cours de leur vie. 37% des alcooliques et 53% des toxicomanes souffrent également d’une maladie mentale.
Le Comité sénatorial des affaires sociales reconnaît qu’il n’a pu consacrer aux problèmes de consommation autant d’attention qu’il le prévoyait. Il est conscient que le rapport porte principalement sur les problèmes de santé mentale et que les problèmes de consommation de drogues mériteraient un traitement approfondi.
Michel Perron s’exprimait ainsi devant le comité Kirby « le problème, c’est que les ministres doivent choisir entre les imageries à résonance magnétique et les toxicomanes. Or, ceux-ci n’ont pas de poids politique… »
De façon générale, les traitements en toxicomanie ne sont offerts qu’aux personnes qui ont décidé d’arrêter leur consommation et encore ils sont souvent inscrits sur une longue liste d’attente. Que fait-on des autres? Ils sont abandonnés par le système.
Étrangement, le Comité Kirby ne s’élève pas contre les programmes d’échange de seringues et le centre d’injection supervisé de Vancouver. (p. 239)
Le traitement de l’autisme par intervention comportemental intensif est coûteux et généralement pas défrayé par l’assurance maladie des provinces malgré son efficacité. Malgré le fardeau humain des autistes non-traités et le fardeau financier du traitement, le Comité ne se prononce pas de recommandation pour l’instant. La question fondamentale « l’autisme est-il une maladie mentale? » suscite la controverse.

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