vendredi 5 juin 2009

Vancouver : l'Amsterdam du Canada

Le downtown Eastside de Vancouver est un quartier en décomposition où les seules entreprises légitimes sont des prêteurs sur gages, des bars, des hôtels minables et des agences d’encaissement de chèques. Lors d’une randonnée dans le quartier, on voit des personnes qui fument ouvertement du pot, du crack ou de la méthamphétamine. Les aiguilles discartées sont partout et le promeneur se fait offrir des substances de toutes sortes. Le taux de cambriolages est quetre fois plus élevé à Vancouver qu’à New York et les crimes impliquant une arme à feu se maitiennent au double de la moyenne nationale. Dans Le Devoir du 20 août 2008, Pierre Véronneau rapporte avoir été menacé deux fois à quelques minutes d’intervalle le matin.
C’est dans cette jungle urbaine que le site d’injection supervisées Insite a ouvert ses portes en septembre 2003. Tous les jours, entre 700 et 1000 clients se présentent entre 10 heures et 3 heures du matin et donnent leur nom ou un pseudonyme. Puis, lorsqu’une des douze loges devient disponible, le drogué peut utiliser la seringue et l’aiguille propres mis à sa disposition pour s’injecter la substance qu’il s’est procurée dans la rue auparavant. Les infirmières d’Insite s’occupent des « overdoses » ( plus de 1000 interventions de ce type à ce jour), exercent un certain niveau de supervision, réfèrent à des services de désintoxication, s’occupent des plaies, offrent des tests de SIDA, offrent des consultations pour les vaccins, réfèrent aux services sociaux et font circuler une liste de clients dangereux aux prostituées. Les clients peuvent ensuite utiliser un salon où ils socialisent avec jus et café pendant que les drogues font effet.
Jusqu’à maintenant, on n’est pas survenu de mortalité à Insite.
Les preuves des torts infligés à la société par les drogues sont évidentes à Vancouver qui est devenu l’Amsterdam d’Amérique. Si le coût des drogues pose problème, ce n’est pas en les rendant moins chères ou plus facilement disponibles qu’on réduira la criminalité qu’elles causent.
Le 27 mai 2008, le juge Ian Pitfield ordonne que d’ici au 30 juin 2009, la loi sur les substances controlées et les drogues s’accorde avec la charte des droits mais le gouvernement a porté ce jugement en appel.
Comment peut-on justifier que des professionnels de la santé comme des infirmières aident des personnes vulnérables à s’injecter des substances de qualité et dosage inconnus, comportant souvant des substances qui ne pourraient même pas être prescrites?
L'optique de la réduction des méfaits est souvent utilisée : philosophie au www.ihra.net/whatisharmreduction . La justification économique de Insite a été étudiée par Bayoumi et Zaric dans le Canadian Medical Journal, 2008 178(11) , pages 1143 et suivantes voir aussi Wood , E CMAJ, Addiction, Canadian Journal of Health Policy, 2006 et 2004, cité dans Canadian Nurse, avril 2009. Nous ne sommes pas convaincus du bien-fondé de cette optique.
Un document intéressant vient d'être mis à la disposition du public :Bevel Up: Drugs, Users and Outreach Nursing. Ce DVD de 45 minutes en anglais est disponible à l'ONF (co-production avec le BC center for Disease Control)

Voici ce que la juge Hélène Morin de la Cour du Québec a déclaré en condamnant Lionel Gauthier, Richard Dubé, François Latourelle et Antonio Miliutto : « Celà fait quatre ans que je suis juge et c’est la première fois que je condamne des individus accusés de trafic de cocaine. Mais tous les jours, je juge des gens qui ont commis des crimes sous l’emprise de la drogue. Je vois des individus et des familles brisés. Je considère que vous êtes responsables de cela. Si je pouvais additionner toutes les condamnations que j’ai prononcées en raison de la drogue, vous seriez en prison pour le restant de votre vie!

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